Changer le monde ou changer nos schémas de penser ?
L’humain a cette faculté de créer son monde et ensuite de s’y trouver prisonnier.
Au niveau collectif, nous avons créé la voiture, nous sommes désormais enfermés dans nos embouteillages et notre pollution. Nous avons créé l’industrie alimentaire et nous sommes désormais enfermés dans la mal bouffe et les maladies qu’elle entraine. Etc …
Ce n’est pas un extérieur indépendant de nous qui nous enferme. C’est nous qui avons créé l’extérieur … et même si nous pensions bien faire initialement !
Au niveau individuel, chacun de nous, plus ou moins consciemment, se représente son environnement d’une manière unique et se crée des stratégies mentales et émotionnelles lui permettant d’interagir avec ses semblables. Si ces stratégies mentales sont rassurantes, elles n’en sont pas moins une prison.
Voir ce fonctionnement humain est le début d’un autre monde !
Voir ses propres schémas mentaux est la possibilité de changer son monde.
Voir ensemble nos schémas collectifs est l’opportunité de changer notre monde.
Saint Exupéry disait :
« Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose…
Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer. »
Remettre l’humain au cœur de l’entreprise ? Cette proposition est enthousiasmante à condition de prendre le sujet par le bon angle et avec une véritable intention.
En effet, il y a quantité de littérature sur le sujet. Très peu d’entre elle parle réellement de l’humain. On y parle plus souvent de bien-être, de salariés heureux, des clés de la motivation, de la performance liée à la motivation, de l’engagement individuel et de ses bénéfices pour le collectif. On y parle de l’humain au service d’une performance individuelle et collective. Si pour que la performance advienne, il convient de travailler le bien-être sous une forme ou une autre, alors investissons dans le bien-être.
Mais si le bien-être peut se travailler et s’investir via des choses matérielles ou des facilités techniques, « notre être bien d’humain » implique une autre approche et une autre intention.
Pour remettre l’humain au cœur du collectif nous n’échapperons pas à la question suivante : « Comment des humains ont créé des collectifs, en particulier professionnels, dans lesquels l’humain n’a pas de place ? »
Et cette question nous conduira certainement vers un nouvel espace dont les contours se dessinent autour d’un mieux se connaitre et mieux comprendre autrui.
Une définition possible de l’intelligence collective est : l’intelligence collective c’est quand on se rencontre au-delà de nos égos.
Paradoxalement l’intelligence collective ne nécessite pas véritablement d’intelligence, en tous les cas, au sens rationnel auquel on l’entend habituellement.
L’intelligence collective nécessite l’intelligence du cœur, elle implique de sentir les choses, d’écouter non pas avec sa tête mais de manière plus globale, sans jugement et de repérer ce qui s’exprime de manière directe sans passer par le filtre mental
Au-delà des outils et des méthodes utiles au bon moment, c’est donc d’abord et avant tout, une faculté des individus à partager leurs représentations des situations, à identifier les enjeux et limites tant individuels que collectives qui permet l’émergence du sens, comme l’image d’un puzzle ne peut émerger que quand tous les morceaux du puzzle sont réunis. .
Ensuite, à partir de ce nouvel espace, de cette vision partagée, chaque acteur peut mettre sa volonté et son intelligence au service de la définition d’un « comment », une solution qui réponde aux enjeux du bien commun.
Voir, c’est aimer.
Voir c’est voir. Voir ce n’est pas commenter ce que je vois. C’est encore moins juger. Il y a quelque chose de direct et spontané dans Voir. Le mental n’intervient pas du tout.
Voir c’est le domaine de l’Être, de l’unité, non celui de l’égo et de la séparation.
Voir, c’est la capacité d’être dans un espace intérieur « vierge » de tout préjugé ou attente.
De cet espace intérieur, il est possible de se connecter avec la réalité au-delà des apparences et de voir clairement ce qui est là. C’est de cet espace que peut émerger une vision d’un futur à incarner.
Et Voir c’est aimer parce qu’être vu dans ce que je suis fondamentalement – et non regarder dans ce que je sais faire, pas faire, ou mal faire, qui ne sont qu’apparences – est surement la plus haute quête de chacun d’entre nous.
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Si le monde était simple, ce serait simple, il y aurait des réponses simples à des questions simples. Mais ce n’est pas comme ça !
Peut être, d’ailleurs que la vie n’a jamais été simple, mais que nous nous la rendions simple parce que nous ne savions pas l’appréhender autrement. Notre développement actuel nous permet peut-être juste d’aborder la vie de manière plus complexe ?
Hier dans l’entreprise, on simplifiait les problèmes. Il y a avait celui qui avait raison et celui qui avait tort. Il y avait celui qui était chef et celui qui ne l’était pas. Il y avait de l’ordre. Le chef disait de faire et l’exécutant exécutait. Oui je simplifie aussi !
Désormais, cette façon de faire atteint ses limites. Comme tout système, un jour où l’autre. Le propos n’est pas de dire que ce sera mieux demain qu’hier. Ça, ça dépend un peu de chacun de nous. Par contre, il est quand même a peu près acquis que nous n’échapperons pas à la pensée paradoxale !
Le paradoxe est une invitation à la réflexion, au delà des contradictions apparentes.
Le paradoxe, c’est le domaine du ET et non celui du OU :
- La vie est merveilleuse et tragique à la fois !
- Le JE a besoin du NOUS pour devenir JE
- Ma raison m’enseigne que je ne peux tout comprendre..
Il est plus facile de se simplifier la vie en privilégiant une idée plutôt qu’une autre. Mais en faisant cela on se prive d’une énergie vitale à partir de laquelle le sens peut émerger. La pensée paradoxale nous invite à chercher l’unité au-delà des contraires apparents.
Le monde de l’entreprise est un monde de raisonnement par excellence. Il convient de résoudre des problèmes, de présenter, d’expliquer, de convaincre, de décider, de comprendre, etc…
Bref, en entreprise, on raisonne ! et parfois, on joue à celui qui raisonne le mieux !
S’il a des qualités autant indéniables que remarquables, le raisonnement à un gros défaut : il nous coupe au moins d’une partie du réel. En effet, nous ne pouvons pas apprécier le goût de l’orange à travers notre mental ! Nous ne sommes pas touchés par la beauté de la nature à travers notre intellect ! Nous n’aimons pas à travers des idées et des concepts. Nous aimons à travers des sensations !
Identifier les enjeux d’un individu, comme d’un collectif implique de lâcher le mental, pour sentir ce qui se joue.
Créer un collectif performant nécessite de moins raisonner pour mieux résonner. Être moins dans sa tête, plus dans ses sensations. Arrêter d’expliquer pour raconter l’histoire, le vécu. Quitter le formel pour l’informel et la spontanéité de l’instant. C’est juste une autre façon d’appréhender la réalité. Une façon complémentaire à l’analyse rationnelle.
Ni mieux ni moins bien, nécessaire..
Si l’on plonge subitement une grenouille dans de l’eau chaude, elle s’échappe d’un bond ; alors que si on la plonge dans l’eau froide et qu’on porte très progressivement l’eau à ébullition, la grenouille s’engourdit ou s’habitue à la température pour finir ébouillantée.
« Si j’avais une heure pour résoudre un problème dont ma vie dépendait, je passerai les 55 premières minutes à chercher la meilleure question à me poser, et lorsque je l’aurai trouvée, il me suffirait de 5 minutes pour y répondre » Albert Einstein
Et si le moment était venu de faire nôtre cette proposition ?
Certes, notre scolarité et la culture dont elle découle, nous a globalement appris que « la bonne réponse » était le sésame de la réussite. On ne nous a pas beaucoup appris à nous questionner. Pourtant la question, ce peut être …
- La joie de découvrir des espaces nouveaux
- L’audace – et le le plaisir qui va avec – de faire du hors pistes
- L’opportunité de mieux se connaitre – et par conséquent de mieux connaitre l’autre –
- La capacité de créer les espaces nécessaires à l’intelligence collective.
C’est quoi une question pour vous ?
Et si l’enjeu n’était même pas tant la question que l’endroit depuis lequel surgit la question elle-même ?