Les entreprises cherchent de l’intelligence collective. S’il n’y avait rien à chercher ?
Vous vous rappelez la proposition du Petit Prince ? On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ?
L’intelligence collective est du domaine de l’essentiel. Par essence elle est résonance. Résonance avec l’autre et avec l’environnement. C’est le domaine du « cœur ». Le cœur au sens du Petit Prince, pas au sens émotionnel. Dans tous les cas, même si elle est difficile à définir, nous savons bien que la résonance n’est pas mental, n’est pas raisonnement.
Le raisonnement est parfaitement utile et nécessaire, toutefois il n’est riche d’efficacité que s’il est le fruit d’une résonance collective.
C’est à partir de cette indication que nous pourrons voir (mais pas avec les yeux !) l’intelligence collective s’animer naturellement.
Aucune méthode, aucun outil, aucun process ne saurait se substituer à cette approche. Les outils et les méthodes sont certes importants pour contribuer à la performance de l’intelligence collective mais si la culture de l’entreprise ou de l’équipe ne permet pas à l’intelligence collective de se développer, croire que l’on peut fabriquer de l’intelligence collective à travers des process est illusoire.
Ce constat nous pouvons le faire en prenant juste quelques instants de réflexion. On peut se le dire individuellement, c’est encore mieux si on peut le partager en équipe.
Avant de raisonner, au sens qu’allons-nous faire, résonnons ensemble.
Donc l’enjeu est de voir ce qui empêche l’intelligence collective de s’animer.
Un premier obstacle à l’IC est la peur.
Il est nécessaire d’être en confiance pour voir l’IC s’animer d’elle-même.
S’il est fréquent d’être en confiance dans des « one to one », il est beaucoup moins fréquent d’avoir le même niveau de confiance au sein d’une équipe. Les jeux de pouvoirs, les postures liés aux rôles hiérarchiques ou fonctionnels et les histoires vécues peuvent mettre à mal la confiance collective.
Sans confiance, pris dans la crainte et la peur, il est impossible de voir le potentiel en émergence.
La peur nous ancre dans le passé. Si celui-ci rassure l’humain parce que par essence, à travers le passé, nous sommes dans le domaine du connu, même désagréable, le nouveau peut nous insécuriser. Pour chacun d’entre nous, à des degrés divers, selon nos personnalités et nos histoires, lâcher prise à un connu pour aller vers un inconnu est plus ou moins difficile.
L’intelligence collective réclame de l’audace individuelle et collective.
Un deuxième obstacle à l’intelligence collective, c’est de vouloir expliquer les choses.
La croyance qu’en expliquant, l’autre changera d’avis, se mettra en mouvement, est très forte.
Nous savons tous, on nous l’a expliqué à l’école, que l’eau a pour formule chimique H2O. Il est clair qu’avoir cette explication ne donne absolument pas envie de boire. Les explications en elles-mêmes ne nous mettent pas en mouvement !
Ce qui peut nous mettre en mouvement, c’est le fait de partager la même vision de notre environnement. Il est clair que l’envie de partager n’émane pas du même endroit que la volonté d’expliquer. Et c’est « d’où ça parle » qui met ou non en mouvement.
De plus, il est facile de voir que chercher à expliquer quelque chose à quelqu’un, est souvent synonyme de chercher à avoir raison, posture, s’il en est, incompatible à l’IC.
Mon deuxième travail en IC est de repérer mes postures de sachant.
Un troisième obstacle est le jugement.
Nous sommes les champions du jugement. Et pourtant, le jugement, sur soi ou sur les autres, bloque la créativité.
L’intelligence collective c’est tout l’inverse du jugement. La base de l’intelligence collective est l’ouverture à l’autre. C’est la capacité à repérer, dans ce que nous propose l’autre, ce qui est utile au collectif. Tout ce qu’il apporte n’est pas à prendre. L’autre, comme moi, avons nos limites. En IC, je ne juge pas les limites, je peux les voir comme un constat. Par contre je ne les juge pas. Je suis là pour écouter, récolter ce qui peut être utile au collectif. Le reste « is not my business ».
Alors oui, l’autre va inévitablement venir rencontrer mes propres limites et générer de potentielles réactions en moi. En IC, le travail est d’avoir la vigilance de ne pas rentrer dans les schémas de l’égo, réactionnels, automatiques et répétitifs.
Mon troisième travail en IC est donc de repérer mes jugements
Si on laisse reposer une eau boueuse, elle s’éclaircit. C’est pareil avec l’intelligence collective. Si on laisse reposer les peurs, explications, et jugements, la résonance collective opère.
C’est depuis cet espace que l’Intelligence Collective s’anime d’elle-même.