L’époque est au questionnement et tout un chacun utilise peut-être ce temps de pause forcée pour questionner son existence et la vie.
En ce qui concerne le collectif entreprise, si l’on a pu continuer à produire presque normalement, la distanciation peut avoir mis à mal nos relations et parfois aussi, avoir mis en évidence des manques dans la cohérence globale.
Remettre la « machine » en ordre, redonner un souffle nouveau pour relancer un mouvement de manière plus juste, est potentiellement le sens caché de ce temps de pause forcée.
Partons de la proposition de Simon Sinek qui nous a réveillé, il y a plus de 10 ans maintenant, en nous proposant de nous poser la question du Why du How et du What dans le bon ordre.
OK très bien. Mais quelle différence ou complémentarité entre un why, une vision, une mission, une raison d’être, une conviction ?
Dans son livre Start with Why traduit en Francais, il est proposé d’exprimer le Why de la manière suivante : Ma contribution de manière à obtenir un impact. Exemple de why : Susciter un changement positif de manière à ce que les gens aient une vie plus épanouie.
De ce que je comprends du why proposé par Simon Sinek, nous sommes au niveau de la raison d’être. Dans l’exemple proposé, je me lève le matin pour susciter le changement. C’est ce que j’apporte au monde, ce que je fais naturellement, ce que j’aime faire, l’expression de mon unicité. C’est de l’ordre de la nature des choses. Quelque que soit les conditions, ma nature est toujours de susciter le changement.
En méditant sur ce qu’est une raison d’être (peut être l’unique façon de passer d’une approche mentale et livresque a un vécu), vous trouverez peut-être qu’une raison d’Être est une dimension verticale.
Une raison d’être est d’ordre spirituel (et non égotique). Spirituel voulant dire « qu’est ce qui fait que je respire ? », qu’est ce qui fait que je me lève le matin ?. C’est le « Je suis Spartacus » ou « Je suis Charlie » (avant qu’il ne devienne un slogan). Qu’est ce qui fait que je me lève si ce n’est ce que cela vient faire résonner en moi ?
Depuis cet axe vertical, je vois, à 360° autour de moi. Et ce que je vois est ma vision des choses. Mais une vision en lien avec ma raison d’être. Ma vision est d’ordre horizontal. C’est un « ce que je vais accomplir » ou un « ce que nous allons accomplir ensemble ».
- Une raison d’être est du niveau de la dimension d’être. C’est une verticalité. Un Pour Quoi.
- Une vision, ancrée sur une raison d’être, est du niveau du faire. C’est une horizontalité. Un Quoi.
Le why de Simon Sinek semble articuler une dimension d’être (ce qui est traduit par contribution ) au service d’un faire (de manière à avoir un impact).
Pour être encore plus précis, une vision en tant que « non encore accompli » va nécessiter un travail voire un effort. Dans tous les cas, une vision met en tension une réalité actuelle avec une réalité à venir. La seule et unique façon de tenir l’effort sur la durée avec persévérance est d’avoir identifié une raison d’être, d’avoir conscientisé pour quoi faire cet effort ?
Le how ? Comment souhaitons-nous relationner entre nous et avec notre environnement ? Ce sont nos valeurs. Ce qui compte pour nous sur le chemin, ce qui a de la valeur à nos yeux.
La définition du sens que je pratique est : Ce qui est, à un moment donné, éprouvé , par un sujet individuel ou collectif, comme la cohérence unifiante d’une situation. Le sens que l’on éprouve à travers les mots nous permet de toucher ou non la cohérence du propos.
Si nous souhaitons ne pas voir réduit notre raison d’être ou notre vision du monde a un slogan dont l’unique enjeu, non moins valable peut être mais d’une autre dimension, serait de vendre, il convient surement de prendre le temps d’éprouver ces mots. (le risque à ne pas le faire ? finir par croire que les livres et la culture d’une manière générale ne sont pas du domaine de l’essentiel !)