Il m’arrive d’être en interaction avec des acteurs du changement qui peuvent avoir du mal à impulser le changement envisagé.
Et j’entends la difficulté des uns à ne pas comprendre pourquoi les autres ne veulent pas changer leur façon de faire ou d’être, alors que promis, les premiers ne veulent qu’aider pour un mieux.
Quand je demande à ces acteurs ce qui les a conduits à choisir ce métier, par exemple de responsable de l’amélioration continue ou de coach agile , la réponse est fréquemment « je veux aider ».
2 points autour de cette posture d’aide.
D’abord, je fais le pari paradoxal que celui qui veut aider ne veut pas aider. Ce paradoxe est simple à accepter à partir du moment où l’on accepte que les mots aient un sens. Vouloir aider, c’est d’abord et avant tout vouloir. Et c’est le piège. Quand je veux, c’est pour moi que je fais les choses. C’est une démarche de notre égo bien aimé. Sous couvert de « gentillesse », le « vouloir aider » n’est quand même qu’une démarche égoïque. L’expression « vouloir aider » en elle-même est un non-sens.
Ensuite, avant de se positionner en tant qu’aidant, il me semble qu’il est nécessaire de se poser la question de « qu’est-ce qu’aider ? ». Ma réponse personnelle est que je ne peux pas aider l’autre, en tous les cas pas dans le sens du sauveur. Je ne peux aider l’autre que si ce dernier a clairement exprimé sa demande, son besoin d’aide. Et ma perception est qu’une fois cette demande faite, j’apporte ce que je suis, je donne ce que je peux, du mieux que je peux. Je n’aide pas. Je fais juste ma part dans la relation, voire je fais juste mon job. L’autre est libre de prendre ce qu’il veut. Je n’aide pas. Il s’avère juste que si je manifeste ce que je suis, cela aide mon interlocuteur.
Il me revient à l’esprit un rituel amérindien. Quand vous demandez de l’aide à un chaman, il peut vous demander, suivant le rituel, de répéter trois fois votre demande. Il n’acceptera son rôle que lorsque vous aurez véritablement exprimé trois fois votre demande.
C’est la demande de celui qui est conscient de son besoin d’aide qui fait l’aide. Surement pas le vouloir d’un extérieur.
PS de prévention – : Il est tout aussi clair et évident que l’on se doit d’aider l’autre sans demande de sa part si la vie est en danger.